Chaiten

Lundi 5 octobre, 10 h, nous voilà à Chaiten. Le bus nous laisse avec une autre française qui a également fait le trajet depuis la Junta devant une mini agence de touriste: Chaitur.

Nicolas, le responsable de l'agence est un peu particulier. Il parle en marmonnant dans sa bouche tant en anglais qu'en espagnol, on s'accroche pour comprendre. En plus de ça, la conversation part dans tous les sens et il ne répond pas à nos questions. Bon on est fatigué, c'est très énervant, il ne nous a apporté aucune info sur ce qu'on peut faire ici (du moins rien de ce qu'on savait déjà par le Lonely et le petit futé), donc pour le prix des excursions et les horaires de bus ben... il faudra voir ailleurs! Il nous indique quand même une hospedaje à laquelle nous nous rendons.

Sur la porte, un petit message: " si je ne suis pas là, prenez la clé et choisissez votre chambre " plutôt accueillante comme auberge! En gros, on fait comme chez nous! L'auberge est vraiment sympa, il y a le choix dans les chambres, une grande pièce à vivre avec chauffage !!!! Du luxe! Et une cuisine à laquelle on a accès super!!

On le sait, la météo n'est pas bonne pour aujourd'hui et demain. Il se met même à pleuvoir... Mais, on est au pied d'un volcan et il ya d'excellentes sources d'eau chaude! Quoi de mieux à faire sous la pluie ??

C'est parti! La propriétaire de l'auberge nous indique que le bus passe à 13h et nous laisse à un croisement à 5 km des thermes. On se pointe donc à 13h sauf que ne voyant pas le bus venir Jérôme décide d'aller se renseigner à l'hôtel face à l'arrêt. Le responsable, un ours chilien qui n'a pas froid aux yeux et très dur en affaire nous indique que le bus passe en fait à midi... Et merde! Il nous propose donc un marché: il a une voiture, mais pas de permis (à la question pourquoi ?, il nous répond que ça ne l'intéresse pas... Mouai... Bref, il nous propose de nous amener là-bas pour 2 000 pesos par personne si l'un de nous conduit et si on fait un arrêt par son "campo" (terrain sur lequel il serait en train de monter un camping) sur le retour. Dans la mesure ou c'est la seule solution que l'on a, on accepte et en plus, pas besoin de marcher 5 km.

Les thermes sont un vrai bonheur après tout ce temps dans le froid sans presque jamais de chauffage dans les maisons on apprécie! L'eau est tellement chaude qu'on peut s'assoir sur le rebord en faisant tremper juste les jambes même s'il pleut! On est entre deux montagnes en Patagonie, en maillot de bain c'est le pied!

De retour à l'auberge, un autre couple de Français et un Chilien se sont installés. Le soir, on partagera un plat de pâtes tous ensemble et le mole (rappelez-vous la spécialité que nous ont donné nos amis mexicains avant que l'on s'en aille)!

La nuit fut fraîche malgré les 15 cm d'épaisseur de couvertures, c'est normal, en tirant les rideaux le lendemain matin je remarque que la fenêtre était entre-ouverte, car elle ne ferme pas! Ce soir, je rajoute mon duvet!!

Degustation de pates au molé !

Aujourd'hui, mardi 6 octobre, il pleut. Chacun traine, on essaie de s'organiser tous ensemble pour trouver une excursion à faire le lendemain. Pas le choix, on doit faire appel à Chaitur. On parvient à organiser une journée dans les alentours avec ascension du volcan. Mais en attendant, quoi de mieux à faire, les thermes bien sûr! Et nous revoilà partis à 6 cette fois. Le soir on se cotise pour aller faire les courses. On est nombreux, je vais enfin pouvoir faire le gâteau avec le chocolat artisanal qu'on se traine depuis le Mexique! Et puis pour le repas, ça sera pizza maison! On ne se connaissait pas la veille, mais on arrive parfaitement à s'organiser pour faire les choses sans problème, je crois bien que c'est dû au style de vie si particulier des backpakers que nous sommes tous devenus!

Mercredi 7 octobre, après deux jours de pluie, on peut enfin sortir le nez de notre tanière et passer aux choses sérieuses. On est parvenu la veille à organiser tant bien que mal avec notre énergumène de Chaitour une excursion sur mesure. Un ami à lui, pompier, va nous servir de guide. Première étape: une balade en forêt humide (très humide) pour voir des cascades. Même si elles ne valent pas forcément le détour, la balade est sympa et ça nous permettra enfin de découvrir les Alerces, arbres millénaires qui donnent leur nom à tant d'endroits dans la région et en Argentine.

Deuxième étape, l'ascension du volcan Chaiten. Enfin un peu de spectacle! Le paysage est spectaculaire. L'ascension se vaut plus ou moins facile. Ça grimpe sévère, mais c'est de courte durée (1h30) on finit les pieds dans la neige c'est un peu casse-bonbon. Mais une fois là-haut, lorsqu'on redresse en fin la tête le spectacle est époustouflant. On a face à nous deux énormes dômes résultant de l'éruption de 2008 qui a rasé le village de Chaiten fumant de toute part d'un mélange de vapeur d'eau de soufre et de chlore.

Le cratère fait 3 km de diamètre. Notre guide nous indique qu'avant 2008 le volcan était classé parmi les volcans éteints. Le cratère était un superbe lac avec de la végétation sur tout le pourtour dans laquelle nichaient de nombreux oiseaux. Aujourd'hui, tout est de cendre avec deux gros dômes en son centre. Une couronne de petits lacs est présente avec, à la vue de la couleur, une eau chaude et fumante plus ou moins soufrée.

Une fois redescendu, le guide nous amène sur les vestiges du village restaient tels quels depuis la dernière éruption. C'est poignant. Les maisons sont ensevelies sous deux mètres de cendres. On voit que la vie s’est arrêtée nette et que les gens ont quitté leur maison sans préavis. On peut observer dans certaines maisons quelques photos recouvertes de poussières et des vêtements déchirés par l'effondrement.

Au Loin, on voit le volcan fumant, comme une mise en garde. Les habitants le savent, une éruption est encore à attendre, mais quand, personne ne le sait ! En tout cas pour notre passage, aucune vigilance en cours ! Ouf

Les vestiges de la ville suite à l'éruption de 2008

Plage de sable noir dans les environs du village